Publié le 29 Novembre 2017

Tous les ans, le 29 novembre, l'Organisation des Nations Unis célèbre la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. C'est, en effet, le 29 novembre 1947 que le plan de partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe était adopté. Ce plan de partage, très avantageux pour l'Etat juif, généra rapidement des tensions. Bien qu'il serait indigne aujourd'hui de revendiquer un retour aux frontières de 1947, cette journée a le mérite de faire parler du sort du peuple palestinien et de populariser l'idée d'une solution à deux états, passant obligatoirement par la reconnaissance de l'état palestinien.

L'exode massif de palestiniens fuyant les violences, acte de naissance de l'Etat d'Israël

Car tout humaniste ne peut qu'être blessé par l'histoire de la Palestine, émaillée de violences, de privations et de destructions. Actuellement, la société n'enseigne et ne relaie que très peu l'histoire du conflit israélo-palestinien. Le traitement médiatique, très prudent, est d'une partialité confondante, comme si la situation était équilibrée et les responsabilités partagées. Toute l'histoire récente de la Palestine empeste l'injustice car contrairement aux dires de l'historiographie israélienne officielle, non les palestiniens ne sont pas partis tout seuls de leurs territoires. Pas plus que les forêts n'ont poussées toutes seules dans le désert... La naissance d'Israél se fait avec ce que les palestiniens appellent la "Nakba" (la "Catastrophe"). En cette année 1948, des villages entiers sont réduits par la force, les massacres et les arrestations se succèdent à un rythme effréné. La "Nakba" a été minutieusement préparée au cours des années 40. Proportion d'hommes dans les villages, quantité et type d'armes, topographie des lieux, activité économique... toutes ces informations sont compilées en vu des opérations militaires censées faire de la Palestine "une terre sans peuple...pour un peuple sans terre". 

Voilà comment commence la colonisation israélienne. Les plaies qui y ont été ouvertes ne sont toujours pas refermées, travaillées par la poursuite des exactions et le blocus de la bande de Gaza. Parce qu'il est un peuple opprimé et nié dans ses droits fondamentaux, oui, le peuple palestinien ne peut que recevoir notre entière solidarité !

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 27 Novembre 2017

Suite à "l'affaire Weinstein", la parole des femmes victimes de violences sexuelles s'est libérée de façon formidable. Des témoignages venant des milieux hospitaliers, politiques comme des pratiques dans l'espace public ont été médiatisés. Leur nombre et l'écho rencontré a imposé l'égalité femme-homme dans le débat public. C'est dans ce contexte que s'est déroulé la journée internationale contre les violences faites aux femmes, ce samedi 25 novembre. Pour l'occasion, Emmanuel Macron a prononcé un discours, décrétant "l'égalité femme-homme grande cause du quinquennat", estimant "notre société malade du sexisme" et "ressentant un sentiment d'horreur et de honte" devant cette situation. Si on ne peut qu'être en accord avec les termes employés par le Président de la République, le mouvement féministe ne se paye pas de mots et formule des propositions concrètes, en contradiction avec la logique libérale du gouvernement. Pour faire avancer ces revendications des manifestations étaient organisées dans différentes villes du pays.

La mobilisation clermontoise a tout d'abord fait étape devant la préfecture du Puy de dôme pour porter l'exigence d'hébergements d'urgence pour les femmes victimes de violences

A Clermont-Ferrand, environ 200 personnes ont pris part à la manifestation, à l'appel du "Collectif du 8 mars" qui rassemble Solidaires 63, la CGT 63, la FSU 63, le Planning familial 63, Osez le féminisme 63, La Ligue des Droits de l'Homme, Femmes et hommes d'avenir, l'UNEF 63 et Agile Auvergne avec le soutien du PCF, du NPA, de la JC et l'UEC, d'Ensemble ! et d'Alternative Libertaire. Pour être complet, notons aussi la présence de militants de la Coordination des Groupes Anarchistes et de Lutte ouvrière ainsi que des jeunes membres du syndicat lycéen UNL. La manifestation a été rythmée par des slogans et chants féministes comme "L'hymne des femmes". Des arrêts devant des lieux symboliques ont permis d'exprimer les attentes du mouvement. Ainsi, les pouvoirs publics ont été interpellés à l'occasion d'une prise de parole devant la préfecture. La question centrale des moyens alloués au Secrétariat à l'égalité femme-homme a été posée tout comme la nécessité d'hébergements spécifiques pour les femmes victimes de violences, trop souvent confrontées à de nouvelles violences s'additionnant à celles subies de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

Des mesures judiciaires spécifiques, une nécessité en matière de protection des femmes portée par le mouvement féministe

Devant le Palais de justice de la ville de Clermont-Ferrand, Karine Plassard a pris la parole pour dénoncer des graves manquements judiciaires en la matière. Les propositions de formations spécifiques pour les magistrats et l'ensemble du personnel en contact avec les victimes, de tribunaux spécialisés, comme en Espagne, et d'une application de la détention préventive à l'encontre des hommes violents ont été détaillées.

Un hommage poignant aux victimes de féminicides au cours de l'année 2017 a clôturé cette belle mobilisation, rappelant l'urgence de la situation

En fin de manifestation, place de Jaude, un hommage a été rendu aux 117 victimes de féminicides depuis le début de l'année 2017. Moment chargé en émotion, le prénom de chacune d'entre-elles a été prononcé devant la foule silencieuse. 

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 24 Novembre 2017

La semaine dernière, des journalistes de CNN ont levé un pan du voile posé sur la situation des migrants en Libye. Les images sont choquantes puisqu'il s'agit d'êtres humains réduits en esclavage, vendus sur des marchés ou dans des garages. Depuis plusieurs années déjà, des ONG et journalistes évoquent ce retour en force de l'esclavage à une large échelle, ce terrible phénomène est désormais indiscutable. Des dizaines de milliers de migrants, originaires d'Afrique subsaharienne, subissent la loi de passeurs reconvertis en esclavagistes. Une fois capturés, ils sont enfermés et torturés afin que leurs familles versent la somme exigée par ces criminels. Les témoignages sont d'une violence inouïe : coups de pelles, électrocutions, des heures couchés avec un parpaing de béton sur le dos, viols... sont le lot quotidien de ces femmes et hommes ayant pour seul moteur, l'espoir d'une vie digne.

Dans son édition du 17 novembre, l'Humanité révèle le terrible parcours de Moussa, jeune guinéen de 17 ans ayant vécu l'horreur de la détention en Libye

Mais cette situation était tout, sauf inévitable. Depuis le mois de juillet, l'Union européenne a ratifié des accords avec les autorités libyennes afin de contingenter les migrants dans le pays. Cette politique d'externalisation de la gestion des flux migratoires a eu pour conséquence directe une augmentation du temps passé par les migrants en Libye et les actes honteux que l'on voit aujourd'hui. Comment des institutions se plaçant dans le cadre démocratique peuvent-elles sciemment choisir d'abandonner des milliers d'êtres humains dans un pays gangrené par des réseaux mafieux et criminels ? Pour quel motif l'Union européenne a t'elle décidé de fermer les yeux sur le devenir de ces femmes et ces hommes qui demandent juste de pouvoir bénéficier des droits humains fondamentaux ?

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 21 Novembre 2017

Le Congrès des maires de France s'est ouvert hier, dans une ambiance tendue. Il faut dire que les mesures annoncées par Emmanuel Macron durant ses six premiers mois de présidence n'ont que très peu de chance d'être au goût des élus de la République, combinant réductions drastiques des dotations, réforme de la taxe d'habitation, réduction des contrats aidés et des moyens du logement social.

Les maires organisent la fronde contre la baisse des dotations aux communes qui fait peser un risque d'ampleur sur le lien social et la démocratie

En matière de collectivité locale, une tendance de fond est à l'oeuvre depuis des années. Elle consiste à affaiblir les communes au profit de grandes aires urbaines : les métropoles. Dans l'Humanité dimanche, Anicet Le Pors, ancien ministre communiste de la Fonction publique, y voit une volonté "de favoriser les niveaux à compétence économique par rapport aux niveaux à compétence politique". Le gouvernement d'Edouard Philippe poursuit ce travail de sape en annonçant pas moins de 13 milliards d'euros pour les budgets des communes d'ici 2022 ! L'ambition économique prend là le pas sur l'ambition démocratique, la commune étant le premier échelon de la république, les maires et conseillers municipaux ayant une proximité particulière avec les citoyens.

Les conséquences désastreuses de cette mise au régime sec des communes ne se feront pas attendre, notamment des les zones de campagne ou les zones urbaines non intégrées dans les centres économiques. La commune a sous sa coupe un ensemble de compétences indispensables au bien être de chacun et à la vie en société. Ainsi, les infrastructures comme les écoles ou les routes seront moins entretenues, les subventions aux diverses associations et aux clubs sportifs diminueront, entraînant un recul dévastateur pour le lien social. Fragiliser les communes revient à frapper durement tout ce qui permet au pays de faire société. Imposer les intérêts de la finance jusque dans l'organisation territoriale, voilà le combat que mène Emmanuel Macron, bien loin de l'intérêt général !

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 20 Novembre 2017

Emmanuel Macron a fait campagne sur la mise en place d'une politique de "flexisécurité". Après avoir largement travaillé à diminuer le rôle des élus syndicaux et à affaiblir le rôle protecteur du contrat de travail par le développement de la négociation d'entreprise, voilà que le gouvernement ébauche la partie "sécurité" de son plan de marche. Censé offrir davantage de protection aux salariés pour compenser les libertés accordées aux entreprises, présenté comme un compromis social, l'illustration du "en même temps" répété à l'envie durant des mois, ce volet "sécurité" masque en fait une attaque d'ampleur contre le principe même de l'assurance chômage en changeant en profondeur la nature du travail fourni par Pôle emploi, qui sera bien plus tourné vers le contrôle des chômeurs que vers un accompagnement personnalisé.

L'accompagnement des demandeurs d'emploi sacrifié sur l'autel des restrictions budgétaires

La philosophie du gouvernement est très claire sur ce point : le contrôle des demandeurs d'emploi est la meilleure politique à mettre en place, Emmanuel Macron parle d'un "contrôle drastique". Pourtant différents rapports récents viennent contredire cette affirmation. Il s'agit notamment du compte-rendu de la politique de contrôle renforcé de la recherche effective d'emploi, généralisée en 2015. 14% des demandeurs d'emploi parmi les 270 000 personnes contrôlées par Pôle emploi, ont été radiées deux semaines pour insuffisance de recherche mais 60% de ces 14% n'étaient pas indemnisés donc ne fraudent personne. Et parmi les indemnisés, il faut aussi retrancher les demandeurs d'emploi qui oublient de mentionner leur changement de situation suite à une entrée en formation ou un début de mission d'intérim. Conclusion : il y a bien moins de fraudeurs à Pôle emploi qu'au sein du grand capital, comme le montrent les Paradise papers. Et faire croire que les chômeurs sont responsables de leur situation relève de la malhonnêteté la plus complète alors que seules 450 000 offres d'emploi sont à disposition des 6,5 millions de personnes inscrites à Pôle emploi !

Au delà de la fausseté des vues présidentielles, une grande offensive se prépare contre notre système d'assurance-chômage. La particularité de ce système est de donner une place importante à l'individualisation des projets professionnels, garant d'un retour à l'emploi réussi. Mais les restrictions budgétaires associées à la suppression de 55 000 contrats aidés portent des coups très durs à notre système solidaire. Ainsi, 36 000 contrats aidés supprimés étaient consacrés à l'accompagnement des demandeurs d'emploi et en 2018 Pôle emploi va perdre l'équivalent de 2 000 emplois à temps plein ! En donnant plus de moyens au contrôle alors que les moyens globaux sont en baisse, le gouvernement organise un véritable basculement de notre système d'assurance-chômage, de l'accompagnement individuel au contrôle et aux sanctions. En marche vers un système à l'anglaise comme l'a décrit Ken Loach dans son film "Moi, Daniel Blake".

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 17 Novembre 2017

Le gouvernement israélien a encore franchi pas dans l'arbitraire et la négation de toute opinion contraire aux siennes sur la colonisation des territoires palestiniens et la situation des prisonniers politiques palestiniens. Par la voix de son Ministre de la Sécurité publique, l'Etat israélien a, en effet, annoncé que 7 élus français soupçonnés de soutenir la campagne de boycott vis à vis du pays, sont interdits de pénétrer la frontière israélienne.

L'Association pour le Jumelage entre les camps de Réfugiés Palestiniens et les villes Françaises (AJPF) a décidé d'envoyer une délégation en Israël, du 18 au 23 novembre. L'objectif est d'adresser un message fort de soutien aux prisonniers politiques détenus sur le sol israélien et de médiatiser leur cause. Ainsi l'association a fait part de sa volonté d rencontrer Salah Hamouri, jeune avocat franco-israélien détenu sans même que lui soient notifiées les charges qui pèsent contre lui, et Marwan Barghouti, un des leaders des Intifadas et très populaire dans la jeunesse palestinienne. De nombreuses personnalités et élus français ont été associées à la démarche, dans l'espoir de briser le mur du silence qui entoure la politique de colonisation de territoires et de pourrissement de la vie des palestiniens à l'oeuvre dans la région.

Mais le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, les députés européens Patrick Le Hyaric (PCF) et Pascal Durand (ex-EELV), la députée française Clémentine Autain (France insoumise) et les maires communistes de Gennevilliers, Stains et Limay ne seront pas accueillis sur le sol israélien car jugés favorables à la campagne de boycott des produits israéliens provenant des colonies de Cisjordanie. Voilà une curieuse manière d'envisager la démocratie ! Cette décision ne fait que confirmer le durcissement du régime observé depuis 2015 et l'arrivée au pouvoir de partis religieux et ultra-nationalistes dans le cadre d'une coalition avec le Likoud de Benyamin Nethanyahou.

Dans son édition du 17 octobre, l'Humanité publiait une interview de Ayman Odeh (ici au centre), dirigeant du Hadash, favorable à une paix durable et respectueuse des différentes communautés

Dans cette situation toujours brûlante et proche de l'embrasement, le Hadash, un front démocratique pour la paix et l'égalité comprenant notamment le parti communiste israélien, est une lueur d'espoir. Lors des élections législatives de 2015, la Liste unifiée a débouché sur la naissance de la troisième force parlementaire, revendiquant une paix juste et durable et une communauté d'intérêts entre arabes et juifs dans cette région du monde.

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 15 Novembre 2017

La semaine dernière a été rythmée par les révélations du Consortium International des Journalistes d'Investigation sur de l'évasion fiscale à grande échelle : les Paradise Papers. Ces fuites concernent le cabinet d'avocats Appleby basé aux Bermudes et spécialisé dans le montage de sociétés écrans.13,5 millions de documents ont ainsi été mis à disposition de façon anonyme au Consortium. Les Paradise Papers représentent la plus grande révélation de montages financiers offshore, elle représente 350 milliards d'euros de pertes pour les Etats floués. Mais l'enseignement premier de ces fuites est le côté récurrent, si ce n'est systématique, des pratiques de contournement de l'impôt par les multinationales. Sont ainsi nommés Nike, Glencore, Dassault, Louis-Dreyfus, Whirlpool, Apple, Total, les hommes d'affaires Arnault, Niel et Tinkoff.

Le scandale des paradis fiscaux, dont les Paradise papers constituent les dernières révélations, évite au capital de consacrer une partie de ses rentes au développement des services publics

Un système de fraude à la TVA lors de la vente de jet privés existe et fonctionne à plein régime sur l'île de Man. Les constructeurs comme Dassault font même de la possibilité "d'éviter la TVA" un argument commercial. Le dernier Cash investigation montre ces pratiques à l'aide d'un journaliste qui se fait passer pour un client potentiel. On constate que le système est bien rodé ! Dans le genre conflit d'intérêts, Maggi, ministre brésilien de l'agriculture et patron du premier producteur mondial de soja, est un as. Mais ce n'est pas tout, puisque sa filiale en association avec Louis-Dreyfus, AMAGGI LD, est basée...aux Iles Caïmans, lieux plus réputé pour son impôt sur les sociétés nul que ses matières agricoles ! La multinationale Glencore, géant minier qui possède certains des plus grands gisements de nickel et de cobalt du monde, était déjà tristement connu comme gros pollueur et insensible aux populations voisines de ses mines, le voilà champion de l'évasion fiscale avec environ 700 sociétés offshore ! En quelques années, Nike a fait passer son impôt sur les sociétés de 35% à 17% par le biais de montages financiers aux Pays-Bas. Le géant du sport déclare ses profits dans ce pays, très accommodant fiscalement, afin de minorer ses bénéfices, voir de les annuler, dans les pays où l'activité commerciale est réalisée mais où la solidarité par l'impôt n'est pas galvaudée. Le groupe électroménager Whirlpool a beaucoup fait parlé de lui cette année en annonçant la fermeture de son site d'Amiens pour cause de pertes financières. Voilà qui tranche singulièrement avec les révélations des Paradise Papers puisqu'on apprend que l'entreprise déclare ses bénéfices dans plusieurs paradis fiscaux afin de les minorer en France. Le géant pétrolier Total, possédait 15 filiales aux Bermudes, fermées en 2015 mais d'autres ont depuis été ouvertes aux Pays-Bas. Les riches français Bernard Arnault et Xavier Niel se sont servis de sociétés à Jersey et Malte pour leurs achats de yachts et villa. Cette somme d'exemples et de documents montre à quel point les pratiques d'évitement de l'impôt sont courantes. Il s'agit là du fonctionnement normal et quotidien du capitalisme, la rentabilité financière écrase tout, les impôts pourtant garants d'une société civilisée sont vus comme des coûts à réduire au maximum.

Face à ce scandale, qui coûte tant aux finances publiques et mine le pacte républicain, la gauche n'est pas avare de propositions, la résignation n'est pas de mise. Durant la campagne présidentielle, Jean Luc Mélenchon à défendu l'impôt universel. Il s'agit de faire payer à tout expatrié, la différence entre les impôts qu'il paye dans son pays de résidence et ceux qu'il payerai en France. Eric et Alain Bocquet, anciens parlementaires communistes, ont écrit un livre sur le sujet : "Sans domicile fisc". En plus d'analyser de façon approfondie les mécanismes de l'évasion fiscale, ils livrent de nombreuses propositions au débat public. Tout d'abord, alors que le nombre de contrôleurs fiscaux a diminué de 30 000 au cours des 15 dernières années, il y a urgence à se donner de nouveaux moyens afin de mettre à jour les schémas de fraude. Sur le même plan, le verrou de Bercy, en laissant la responsabilité des poursuites au seul Ministre du Budget, limite les possibilités de voir les fraudeurs comparaître devant la Justice. Mais l'évasion fiscale ne se combattra pas uniquement au plan national. Ses filières, ses montages sont internationaux, rendant indispensable une coopération large entre pays. Les frères Bocquet ont proposé l'idée d'une COP fiscale, grande série de rencontres entre Etats afin de réellement amorcer la lutte et mettre en place des solutions concrètes rassemblant un large éventail d'Etats. Enfin, les campagnes citoyennes ont toute leur place dans ce combat. L'exemple de Starbucks, obligé de rapatrier ses filiales au Royaume-Uni suite au mécontentement populaire, montre que la médiatisation et l'intervention des consommateurs peut changer la donne. Les fraudeurs fiscaux n'aiment pas la lumière ! 

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 13 Novembre 2017

Lech Kowalski, réalisateur polonais, nous livre dans l'Humanité dimanche n°584 son regard sur la société. Avec l'exemple de la lutte des salariés de GM&S, il dénonce les conditions de détention, les logiques financières destructrices et la volonté de le faire taire. Extraits :

"Le 20 septembre dernier, j'ai été arrêté alors que je filmais les salariés de l'usine GM&S en lutte qui occupaient alors la préfecture Guéret, une petite ville de la Creuse, en France, à des centaines de kilomètres de Paris, du pouvoir centralisé."

"Au moment où on m'a fait entrer à l'arrière d'une voiture de police, j'ai vu un gendarme empêcher un cameraman d'une grande chaîne de télévision française de filmer. Je suis vite arrivé au poste de police, mais, pendant le trajet, un des policiers m'a arraché ma caméra des mains."

"La pièce dans laquelle j'ai passé la nuit mesure 2,5m sur 1,5m. Un des murs, comme la porte, est en Plexiglas épais. Des graffitis, des traces de crachats, de morve, de sang séché couvrent les autres murs peints en jaune insipide. Un des murs est flanqué d'un banc en bois. Des toilettes à la turque dans un coin - en clair : un trou dans le sol - en plein champ d'une caméra surélevée, hors d'atteinte et pourtant protégée dans une boîte en Plexiglas. Un policier m'a dit que tout ce que je faisait était surveillé."

Lech Kowalski dénonce la logique prédatrice du capital à travers l'exemple des GM&S

"Après une nuit sans sommeil, on m'a mesuré, on a pris mes empreintes et on a photographié mon visage, mon corps et mon tatouage. On a aussi prélevé mon ADN. J'ai demandé pourquoi : une des deux fonctionnaires de police chargées de ce prélèvement m'a répondu que c'était "obligatoire". Suis-je un criminel ? Plein de gens dans le monde souffrent de torts et d'humiliations bien plus grands que ceux que je viens de décrire. Mais je me dois de souligner que ces actions procédurales - la prise d'empreintes, les photos, le prélèvement d'ADN - ont été pratiquées avant même que je puisse plaider ma cause en justice."

"L'infraction qui m'est reprochée a pour nom "rébellion". Le 15 novembre prochain, je serai traduit devant le procureur de Guéret, qui me demandera de reconnaître ma culpabilité et d'accepter une peine pour une infraction que je n'ai pas commise... (...) La nuit que j'ai passée en prison a été révélatrice, en ceci qu'elle m'a donné l'occasion de réfléchir à ce que j'avais appris au cours de ces six derniers mois, pendant lesquels j'ai filmé les salariés de GM&S en lutte. Macron, le président français, a dit de ces travailleurs qu'au lieu de "foutre le bordel", ils feraient mieux de chercher du travail. Des médias de masse, qui relaient le discours du gouvernement, décrivent ces salariés comme des dinosaures opposés aux progrès, des paresseux qui ne veulent pas travailler. C'est loin d'être vrai, certains travaillent là depuis 40 ans. L'âge moyen dans l'usine est de 50 ans. GM&S est comme une deuxième maison pour eux. Aujourd'hui, ils se battent surtout pour conserver leur mode de vie, qu'ils n'ont pu atteindre qu'après des années et des années de travail. Avant sa disparition, GM&S était le deuxième plus grand employeur privé dans une des zones les moins peuplées de France. GM&S fabriquait des pièces détachées pour Renault et Peugeot surtout. Ça n'a pas toujours été le cas. Avant de devenir GM&S, l'usine - qui a maintes fois changé de propriétaire et de nom - avait une activité plus diversifiée. Comme tant d'autres, elle a été détruite par la logique financière à sens unique de ses actionnaires consécutifs. La lutte de ses salariés illustre en fait ce qui arrive aux ouvriers du monde entier, et cette histoire, leur histoire porte bien au delà du territoire français.. (...) Dans le monde entier, les gouvernements sont incapables de gérer les problèmes sociaux abyssaux qui résultent de l'impact incroyable des multinationales sur nos vies. Pour moi, c'est très clair : nous, citoyens, avons perdu toute illusion de vivre en démocratie. Où sont les gouvernements, aujourd'hui, alors que les peuples ont besoin d'eux comme jamais ? Je filme la lutte des salariés de GM&S pour soulever ces questions. C'est pour ça que j'ai été arrêté. Les oligarchies ont peur de mes images. J'ai été arrêté parce que je suis un cinéaste indépendant qui filme la réalité du monde qui l'entoure."

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 10 Novembre 2017

En ce moment se déroule la COP 23, sommet climatique censé sortir la planète de la spirale infernale du réchauffement climatique. Les nombreuses catastrophes climatiques récentes comme les records de température, en passe d'être battus sur la dernière tranche de 5 ans, nous en montrent l'urgence pour garantir une planète vivable à long terme. La COP 21 a fixé l'objectif de limiter l'élévation de température à 2° entre la révolution industrielle du XIXème siècle et la fin du siècle en cours. Si l'objectif est intéressant, l'atteindre nécessite de remettre en question notre modèle énergétique, particulièrement les énergies fossiles, très émettrices de gaz à effet de serre. Pourtant, dans les faits, on constate bien souvent que des obstacles se dressent sur la route de la réduction de la place de ces énergies dans la production énergétique.

Dans son édition du 6 novembre, l'Humanité pointe du doigt les nuisances du lobbying mené par l'industrie des énergies fossiles et la finance, contre toute politique ambitieuse de réduction des émissions de gaz à effet de serre

Deux études récentes confirment le freinage orchestré par l'industrie des énergies fossiles et de la finance en matière de lutte contre le réchauffement climatique. La première, produite par Corporate Accountability International (CAI), montre comment les grandes entreprises du secteur s'infiltrent dans les négociations climatiques, au point d'y avoir un poids conséquent. Des géants pétroliers comme BP et Chevron ou miniers comme Rio Tinto ont ainsi toute liberté pour déambuler dans les espaces de réunion de la COP 23. Le groupe Shell préside l'organisme de conseils de transfert technologique à destination des pays pauvres. Et plus globalement, ce sont l'ensemble des sponsors qui ont accès aux coulisses du sommet climatique, on trouve ainsi certaines grosses entreprises qui sont de solides rouages de ce système énergétique polluant comme la BNP Paribas qui finance la fracturation hydraulique en Grande-Bretagne et l'exploration de sables bitumineux au Canada. Le Fonds vert pour le climat (FVC) est très largement dominé par les banques transnationales puisque 5 d'entre elles gèrent 75% de ses fonds ! Une étude coproduite par ATTAC, les Amis de la Terre Europe et Corporate Europe Observatory dénonce tout particulièrement le lobbying du secteur gazier dans les négociations climatiques. Avec 100 millions d'euros consacrés à ces actions en 2016 et un millier d'intervenants au sein des instances de l'Union européennes, le secteur pèse lourd et influence à une large échelle.

Il est encore temps d'engager le monde vers une politique prenant réellement en compte la menace qu'une hausse continue des températures fait peser sur l'avenir de la planète. Développer les énergies renouvelables pour diminuer notre consommation d'énergie carbonée, lancer un grand problème de rénovation des logements pour en limiter les pertes énergétiques, faciliter la conversion à l'agriculture biologique sont autant de chantiers à entreprendre d'urgence. Mais sur le fond, résoudre la difficile équation climatique nécessite de changer de logique. La recherche de profits maximaux et à court terme est nuisible à l'environnement dont la préservation ne peut s'envisager qu'en résonnant sur le long terme. Imposer d'autres critères de gestion des entreprises et des banques, respectueux des êtres humains et de la nature, serait à même d'inverser la dangereuse tendance en cours.

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0

Publié le 8 Novembre 2017

L'année 2017 marque le centenaire d'un événement à l'impact considérable et dont l'écho résonne encore aujourd'hui : la révolution russe. En abolissant le régime tsariste, en place depuis trois siècles puis en portant les bolchéviks au pouvoir, le processus révolutionnaire russe qui s'étend de février à octobre 1917 (dans le calendrier grégorien) a modifié le cours du XXème siècle et ouvert une espérance sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Le journal l'Humanité propose un Hors-série spécial sur le sujet ; "Que reste t'il de la révolution d'Octobre ?", disponible sur le site en cliquant sur ce lien ou chez votre marchand de journaux. Retour sur ces événements à la portée si longue.

Le 8 mars, les femmes russes, bientôt rejointes par les ouvriers de Poutilov, lancent la révolution russe

S'il est d'usage de faire démarrer la révolution à l'occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars 1917, où femmes et ouvriers convergent pour réclamer du pain et le droit à une vie digne, ceci n'est que la face visible d'un iceberg reposant sur le rejet massif de la guerre et du régime tsariste. La Russie connue une première révolution en 1905, dirigée contre l'autocratie du régime et le monopole des terres en faveur de l'aristocratie tsariste. Seule concession, la Douma, un parlement sans pouvoir effectif, ne suffira pas à éteindre durablement l'incendie. La première guerre mondiale et son cortège de morts au front et de privations à l'arrière sera l'étincelle ou comme le dit Lénine "l'accélérateur de l'histoire". Le tsar est renversé en cinq jours, ouvrant la voie à un processus révolutionnaire long de 8 mois.

Suite au renversement du tsar, un gouvernement dit provisoire est constitué. D'abord composé quasiment exclusivement par la droite et son principal parti, les cadets, ce gouvernement va peu à peu intégrer des représentants de la gauche russe : menchéviks et socialistes révolutionnaires. L'un de ces derniers, Kerenski, déjà ministre de la Justice du premier gouvernement provisoire, devint même chef du gouvernement provisoire en juillet. Dans le même temps, un autre type de pouvoir, populaire et réellement démocratique, se met en place, il s'agit des conseils d'ouvriers et de soldats, les fameux soviets. Forme de démocratie directe apparue durant la révolution de 1905, les soviets se présentent de suite comme une alternative au gouvernement provisoire. Tout le processus révolutionnaire sera marqué par cette dualité du pouvoir entre un gouvernement provisoire incapable de réaliser les aspirations populaires et les soviets gagnant en crédibilité par la réalité des faits. Car il s'agit d'une dynamique qui se renforcera au fil des mois. Ni la paix vivement souhaitée, ni la réforme agraire tant attendue par les paysans, ni un meilleur accès aux biens de subsistance ne seront réalisées par le gouvernement, sapant sa légitimité. A l'opposé, le rôle des soviets lors du blocage du putsch de Kornilov, un général favorable au rétablissement d'un régime de droit divin, renforce considérablement l'aile la plus radicale du camp révolutionnaire, les bolchéviks, qui voient leur influence dans les soviets et les comités d'usine augmenter considérablement à partir du mois d'août.

Lénine, militant bolchévik de longue date, a eu un rôle capital dans les événements révolutionnaires

Parmi les bolchéviks, un homme eut un rôle capital dans les événements révolutionnaires : Lénine. En exil au début de la révolution, il combat vivement la position de son parti qui soutient le gouvernement provisoire. Par ses Lettres de loin, il prend position en faveur d'un soutien exclusif aux soviets, selon lui le seul organe de pouvoir capable d'assurer le succès de la révolution face aux force contre-révolutionnaires. Dans ses Thèses d'avril, il emploie cette célèbre formule : "tout le pouvoir aux soviets". Au début minoritaire, il parvient à convaincre la majorité du comité central bolchévik de la nécessité de trancher cette situation de double-pouvoir en faveur des soviets. Suite au putsch de Kornilov, Lénine défendra l'inéluctabilité d'une insurrection pour définitivement arracher le pouvoir de la menace contre-révolutionnaire. Combattue par Kaménev et Zinoviev, deux dirigeants importants du parti bolchévik, la position de Lénine sera majoritairement adoptée, concrétisée par la prise du Palais d'hiver dans la nuit du 24 au 25 octobre. Au pouvoir, les bolchéviks vont immédiatement prendre des mesures fortes pour les ouvriers et les paysans : un décret qui donne la terre aux paysans, un autre qui annonce la paix, une ambition féministe avant-gardiste avec la mise en place d'un réseau de crèches, de cantines, de laveries. Sur la question de la paix, d'une importance vitale pour l'avenir de la révolution, là aussi Lénine fit preuve d'une lucidité à souligner. Malgré les conditions drastiques du traité de Brest-Litovsk, elle permit au nouveau pouvoir de sauvegarder ses acquis en s'épargnant les risques considérables d'une défaite militaire totale en cas de poursuite de la guerre. Mais très vite, la révolution dû affronter une situation particulièrement critique : la guerre civile intérieure menée par les monarchistes et les assauts des puissances capitalistes coalisées. Après près de 3 ans de lutte sans merci, le pouvoir issu de la révolution d'Octobre est sauvegardé, signe de l'adhésion des ouvriers et des paysans russes à la révolution. Mais cette période, bien que conclue par une victoire, laissa le pays dans une situation catastrophique, à ne pas mettre sous le tapis à l'heure de tirer le bilan de la révolution russe. Pour relancer la production industrielle et agricole, Lénine initie la NEP, sorte de compromis rétablissant la monnaie et la petite propriété.

Après le franchissement de nombreux obstacles imposés par les restes du tsarisme comprenant les grands propriétaires, les affairistes et les monarchistes, mais aussi les puissances capitalistes entrées en guerre contre un spectre devenu réalité concrète, les acquis de la révolution sont préservés, à un prix extrêmement lourd. Confrontés à une grande famine et à une somme de destructions conséquente, le pouvoir soviétique voit grandir en son sein une fraction d'administrateurs de plus en plus coupée du contrôle populaire. Si les conditions de vie extrêmement précaires, héritage du tsarisme et de la guerre civile, expliquent la mise en place d'une bureaucratie, elle ne suffisent pas, à elles seules, à expliciter le processus aboutissant à la dictature qu'incarnera Staline. Bien que défenseurs acharnés des soviets durant toute la révolution, la politique des bolchéviks se caractérise par une très faible attention à la démocratie. Ainsi, rapidement la direction des soviets est placée sous le contrôle du parti, les fractions sont interdites dans le parti, l'insurrection populaire de Kronstadt est violemment réprimée, l'Assemblée constituante est dissoute. La démocratie ouvrière, le bouillonnement de réflexions et de propositions qui caractérisent le développement ultérieur du mouvement ouvrier sont remplacés par le couple parti-Etat qui fusionne en une seule entité basée sur les mots d'ordre du "parti guide", du "centralisme démocratique", de "la dictature du prolétariat".

Malgré le dévoiement de la révolution, l'année 1917 reste marquante pour l'histoire de l'émancipation humaine. Elle souleva une immense vague d'espoir à travers le monde et doit continuer à nous inspirer dans nos réflexions et nos actes d'aujourd'hui.

Voir les commentaires

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

Repost0