Le "Nouveau monde" est tout aussi vide d'humanité que "l'ancien"

Publié le 23 Décembre 2017

Emmanuel Macron avait fait de la question migratoire un axe de différentiation majeur durant la campagne présidentielle, pour gagner des points à gauche, lui permettant de devancer la droite et le FN. En promettant "qu'aucun migrant ne serait dans les rues d'ici la fin de l'hiver", il semblait plus prendre position pour une véritable politique d'hébergement que pour une politique répressive. A la lumière des orientations délivrées par le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, on voit que c'est tout l'inverse.

Ces dernières années l'Humanité n'a cessé de pointer du doigt l'inconséquence de l'Etat en matière d'immigration, quand il ne s'agissait pas de choix démagogiques

La politique migratoire n'a pas fini de rythmer l'actualité. Une loi est prévue pour le printemps 2018 et les premiers éléments rendus publics suscitent une large fronde, jusque dans les rangs de la majorité ! Il faut dire que l'abaissement du plafond maximal du nombre de demandeurs d'asile, la mise en place de brigades mobiles de contrôle des migrants dans les centres d'hébergements d'urgence, la facilitation des expulsions, la diminution des délais de recours et l'extension des pratiques de renvois vers des "pays sûrs" sont totalement indignes d'un pays qui se veut respectueux des droits de l'Homme. Confronté à une salve de réactions d'indignation voir de colère, Gérard Collomb a rapidement fait marche arrière sur le dernier point, sans rien concéder sur le reste. Parmi ces réactions, une particulièrement notable vient des rangs de la majorité parlementaire LREM. Sonia Krimi, députée de la 4ème circonscription de la Manche, a ainsi pris la parole à l'Assemblée nationale pour exprimer son opposition à "un dispositif qui contourne l'hébergement d'urgence et les lieux d'accueil gérés par les associations".

Face à ces annonces impitoyables pour des êtres humains déjà privés de tout, des politiques de solidarité citoyenne se sont mises en place dans les lieux de passage des migrants. C'est le cas à Menton, ville à proximité de la frontière italienne, sur une route migratoire ciblée par l'Etat. Samedi dernier, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la ville en soutien aux migrants, afin de dénoncer les risques inconsidérés que ceux-ci sont condamnés à prendre. En effet, des migrants ont été retrouvés pris au piège dans le réseau d'égouts, d'autres sur des voies de chemins de fer ou dans les coffrets électriques des trains... Pour éviter les contrôles, particulièrement fréquents sur le secteur de Vintimille-Menton, une nouvelle voie de passage, plus dangereuse, s'est crée. Elle emprunte le col de l'Echelle, situé à plus de 1760m d'altitude et est évidemment enneigée à cette période de l'année. Là aussi, des réactions de solidarité se sont développées. Un réseau de professionnels de la montagne (pisteurs-secouristes, moniteurs de ski, accompagnateurs en montagne, guides, alpinistes...) s'est constitué et organise des rondes sur les sommets enneigés afin de venir en aide aux migrants et de ravitailler les refuges en boissons chaudes et couvertures. Plusieurs cas d'amputation de mains ou de pieds suite à des gelures sont déjà connus, terrible poursuite d'un long calvaire débuté dans leur pays d'origine, puis bien souvent marqué par l'enfermement en Libye et une aléatoire traversée de la Méditerranée.

Ces derniers mois de nombreuses villes, de Menton à Nantes, en passant par Lyon ou la vallée de la Roya, ont vues les initiatives citoyennes et associatives subvenir aux défaillances de l'Etat. Ces actes de solidarité peuvent être les points de départ d'une politique d'accueil et d'hébergement et faire de la France un pays réellement respectueux de la personne humaine, au delà de l'origine.

Rédigé par amis de l'humanité 63

Publié dans #Actualité

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