JAURES ET MANDELA :
Le souffle de l’insoumission doit nous pousser toujours plus loin
Comment ne pas se réjouir de l'hommage universel rendu à Nelson Mandela lors de sa disparition en décembre dernier comme si "le renversement de l'oppression a été approuvé par le genre humain". Pourtant, nombreux furent les régimes à pactiser avec le système criminel et discriminant que fut l'apartheid. Si l'apartheid a si longtemps perduré, cela n'aurait pas été possible sans la complicité des gouvernements aveuglés par un anticommunisme qui rendait suspect toute aspiration à la justice et à l'égalité. L'A.N.C. (Congrès National Africain) que dirigeait Mandela fut assimilé à une organisation communiste et terroriste. Or, si crime il y avait, il était bien du côté de ceux qui se rendaient complices d'un système qui distinguait deux catégories d'humains : les hommes et les sous-hommes.
La justice était du côté de Nelson Mandela, l'infatigable lutteur, l'homme au poing levé. Puisse l'hommage universel rendu au vieux lutteur être le signe d'un progrès dans l'ordre de l'humain ! Puisse l'amitié avec Desmond Tutu premier évêque anglican noir du Cap, préfigurer la rainbow nation, la nation en arc-en-ciel à l'heure où les medias mettent au premier plan des conflits communautaires !
Le journal L'Humanité accompagna le combat de Mandela en faveur de la libération de son peuple. Après la défaite du nazisme et des fascismes, Mandela, plus que tout autre, symbolise la fin de l'ère coloniale.
L'image du poing levé illustre bien l'attitude d'insoumission qui fut celle de Mandela. Insoumission face à l'injustice, à l'inacceptable ; insoumission face l'ordre de la finance internationale cupide et avide de bénéfices toujours plus importants qui fonde la division entre les hommes ; insoumission face aux hommes politiques lorsqu'ils ne respectent pas leurs engagements sous prétexte qu'on ne peut rien faire et qu'il convient de ses soumettre.
Oui, le poing levé de Nelson Mandela est une promesse pour 2014 à un moment où la crise économique et politique remet en question des acquis sociaux obtenus après de luttes sans merci. Comme le fut naguère le chef d'œuvre de Picasso, Guernica, avec le cri de souffrance de la mère, celui du cheval victime expiatoire de la célébration tauromachique, le soldat à l'épée brisée qui porta pour l'éternité l'insoumission de l'artiste incarnant son peuple face à la barbarie.
C'est cette même insoumission qui coûta la vie à Jaurès le 31 juillet 1914 alors que les va-t-en-guerre trouvaient jolie la promesse de guerre !
Nous y reviendrons longuement au cours de l'année à venir. Puissions-nous garder en nous cette culture de l'insoumission ! André Benedetto évoquant dans le texte magnifique que lut, à la dernière Fête de l'Humanité, Jean-Claude Drouot la voix de Jaurès terminait ainsi :
"Sache qu'il y a deux hommes en toi
Lequel parle et lequel alors
Empêche l'autre de parler"
Puisse la voix de l'insoumission parler en 2014 !
Jean Knauf
Président des Amis de
l'Humanité du Puy-de-Dôme