L'ubérisation contre les droits des travailleurs

Publié le 17 Août 2017

A en croire de nombreux commentateurs de la vie politique, responsables et élus, le capitalisme serait entré dans l'ère de la modernité avec la révolution numérique. En mettant en contact en temps réel clients et travailleurs, en flexibilisant le marché du travail, l'activité humaine serait plus adaptée à l'évolution naturelle de la société, plus dynamique, plus spontanée... Tout cela cache en réalité la volonté des financiers de continuer à accroître leurs marges malgré la crise économique. 

En mettant en place le statut d'auto-entrepreneur en 2008, la droite française a introduit le loup dans la bergerie. Ce statut particulier permet aux entreprises faisant appel à ces travailleurs de ne pas payer de cotisations sociales, cotisations dont elles doivent s'acquitter avec leurs propres salariés. Très vite, les affairistes ont senti le gros coup à réaliser et le magot à empocher. Ainsi sont nées les plateformes, applications de mise en relation d'une demande client avec un auto-entrepreneur. Loin du mythe défendu par Emmanuel Macron d'une entrée dans la modernité, il s'agit bien d'une course au moins-disant social et la marche vers la casse des droits sociaux. Le phénomène a prit le nom "d'ubérisation", du nom d'Uber la principale plateforme mettant en relation chauffeurs et clients. Cette "ubérisation" pousse à la baisse des droits des travailleurs en individualisant au maximum le rapport travailleur-patron.

L'économie de plateformes représente un lourd danger pour les droits des salariés. Elle prône un modèle avec des droits minimalistes et franchement en baisse par rapport à ceux contenus par le contrat de travail. Les auto-entrepreneurs sont affiliés au Régime Social des Indépendants (RSI). En cas de maladie, ils sont soumis à une carence de 7 jours. Les accidents du travail ne sont pas pris en charge, sauf à souscrire à une mutuelle. Point de congés payés donc prendre des vacances revient à s'asseoir sur une partie de ses revenus. Les cotisations de retraite ne sont pas automatiques, elles sont soumises à un minimum de chiffre d'affaires. L'auto-entrepreneur ne cotise pas à l'assurance chômage, ce qui signifie qu'un primo-entrant sur le marché du travail se retrouve sans revenu en cas d'arrêt et un affilié à Pôle emploi n'accumulera pas de nouveaux droits. De plus, il n'y a pas de revenu garanti.

Les livreurs de Deliveroo s'organisent et se coordonnent contre le payement à la course
Les ubérisés organisent leur lutte contre les plateformes

 C'est ce dernier point qui cristallise les tensions entre plateformes et travailleurs. En voulant augmenter les commissions prélevées à chaque course, Uber s'est mis à dos les chauffeurs qui ont organisés de nombreux blocages et manifestations. Plus récemment, Deliveroo, plateforme de livraison de repas, a réussi à unifier les mécontentements en voulant généraliser le payement à la livraison. Car voilà un motif d'optimisme : après une période d'observation, les "ubérisés" se sont organisés pour défendre leurs droits mais aussi en conquérir de nouveaux. Une section syndicale CGT a été créée à Bordeaux (CGT coursiers à vélo) à Paris et Lyon se sont des comités (le CLAP et les Fusées vertes) qui organisent la lutte contre le retour du payement à la tâche voulu par Deliveroo. Vendredi dernier, des rassemblements simultanés ont été organisé à Paris, Lyon et Bordeaux et une coordination entre les différents mouvements s'est mise en place. Ainsi les mêmes tracts sont distribués dans les différentes villes pour se défendre contre ce changement qui ferait perdre de 8 à 33% de revenus aux livreurs. Si certains souhaitent conserver la "liberté" permise par cette forme de travail, tous rejettent l'unilatéralité du rapport plateforme-ubérisé et la baisse des droits livrée avec! 

Rédigé par Amis de l'Humanité 63

Publié dans #Actualité

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