La guerre des prix...agricoles

Publié le 22 Août 2017

Le contexte est connu, le monde agricole est empêtré dans une crise aïgue depuis plusieurs décennies. Aujourd'hui, plus d'un tiers des agriculteurs français vit avec moins de 350€ par mois et compte sur le revenu du conjoint pour vivre. Seulement 60% de la consommation de produits agricoles est issue de l'agriculture française, résultat de la disparition continue d'exploitations sur le territoire. La montée en puissance de la grande distribution pèse lourd sur les fins de mois des paysans. En prélevant des marges mirobolantes, elles forcent même parfois les producteurs à une scandaleuse vente à perte. Pris en étau entre ces grandes firmes et l'industrie agroalimentaire de transformation, le monde paysan est asphyxié par la loi du marché.

Au coeur de ce scandale, se trouve la question des prix de vente des produits et du revenu qui en découle pour l'agriculteur. Un tournant majeur est intervenu dans les années 90 avec la fin des prix garantis. L'Union Européenne, escortée par l'Organisation Mondiale du Commerce, a engagée une réforme de la PAC (Politique Agricole Commune) visant à laisser les marchés fixer les prix agricoles. Cela a eu pour conséquences immédiates une volatilité des prix donc des revenus ainsi qu'une baisse globale des prix et revenus. Les aides censées compenser ces baisses ont essentiellement bénéficié aux grosses exploitations : 45% vont aux énormes exploitations céréalières, de la Beauce par exemple. Et cela revient à faire payer par le contribuable, les profits engrangés sur le dos des agriculteurs.

L'Humanité nourrit le débat sur l'avenir des agriculteurs

Mais cette tendance meurtrière n'est pas une fatalité. En plein Etats généraux de l'alimentation. le Modef (Confédération syndicale agricole des exploitants familiaux) et le PCF organisent des ventes solidaires de fruits et légumes à prix coûtant. Belle démonstration qu'il est tout à fait possible de construire un modèle agricole, à la fois respectueux des paysans et des consommateurs. Mais cela nécessite d'encadrer les marges de la grande distribution et de l'industrie agroalimentaire ainsi que de renouer avec la garantie d'un revenu agricole. Organiser une conférence annuelle pour fixer les prix ou mettre au point un coefficient multiplicateur entre le prix d'achat et le prix de vente, ça n'est pas compliqué à réaliser...mais encore faut-il avoir la volonté de sortir des carcans du libéralisme !

Rédigé par Amis de l'Humanité 63

Publié dans #Actualité

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